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Mardi (17/02/04)
Les quais de gare

Les quais de gare.

Ils peuvent être à la fois des lieux d’une neutralité absolue, prendre le train pour aller à un rendez-vous, au travail et j’en passe. Parfois ils sont des lieux de joie quand marquent les départs en vacances. Mais tout ce ci n’est rien. S’il est des endroits qui mêlent à la fois l’ivresse de la gaieté et la torture la plus profonde d’une tristesse marquée par l’absence à venir, ce sont bien les quais de gare. Nous avons le sentiment que dans les gares se jouent la vie et l’histoire des individus. Quiconque n’a pas observé ces grouillements ne peut en comprendre la pleine mesure. Une vie peut se jouer sur un train manqué et c’est parfois l’endroit de la souffrance ou du plaisir.

Lorsqu’on aime, ils sont des lieux particulièrement redoutés. C’est là que l’on retrouve celui ou celle qui fait notre vie, c’est là que l’on quitte pour une absence plus ou moins prolongée celui ou celle qui est notre vie.

Un écho semblable paraît unir ces deux moments, les retrouvailles et les départs, ce sont les larmes. A la première l’ivresse bien présente unit deux cœurs amoureux, à la seconde la lenteur de devoir s’abandonner. Une sorte de dualité du monde amoureux rassemble les amants dans la salle des pas perdus. Et l’horloge qui marque l’arrivée ou le départ à venir. C’est le temps qui est un supplice au rythme des secondes égrenées.

Le train arrive : « où es-tu ? »

Le train va partir : « ne pars pas. Ou plutôt si, que le train parte, mais vite ».

L’insupportable d’avoir une vie cadencée par les horaires de train et les sonneries marquant la fermeture des portes. On n’a jamais autant dit « je t’aime » qu’à ce moment là.

Et les amants ne sont jamais seuls.

Après que le train ait filé sur les rails, que pouvons-nous apercevoir d’autres que ces hommes et ces femmes qui ayant quitté leur amour marchent les épaules ramenées vers le sol comme des bêtes accablées de misères. Et le reste n’a pas d’importance.

Et le temps file jusqu’au prochain horaire.

Les heures s’écoulent bien après dans un silence mortuaire d’un amour en suspend.

Ecrit par Chevalier Félon, à 10:20 dans la rubrique La vie en point de vue.
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