Elle parle en dormant. Elle s’apaise de grognements, de phrases imaginaires et de grammaire gémissante. Ça ne dure que l’éternité d’un rêve et c’est l’infini qu’elle décrit.
Ses draps vivent toutes les nuits le même office. Le livre que l’on pose sur la table de nuit, après l’avoir lu pendant près de trente minutes d’une gymnastique littéraire puisée au fin fond de son ennui. Après, elle éteint la lumière et elle tente de s’endormir. Elle pense à tout, elle ne pense à rien. Et dans ces cas-là, on compte, et tout y passe, le nombre d’amis, le nombre d’étoiles, le nombre de soleils.
Pour mieux se repaître de la nuit, elle se persuade qu’elle dort. Et puis, enfin ça finit par arriver, mais le malheur veut que jamais elle ne se rende compte de ce plaisir redoutable qu’est celui de sombrer dans un sommeil aussi profond que l’attente du bonheur.
En chien de fusil ou allongée sur le dos, la voilà qui plonge dans un univers sans contrainte et dans lequel l’esprit se permet tout. Il voyage, d’ailleurs, dans des contrées que parfois la conscience refuse. Il navigue sur des nuages, il roule le long des collines fleuries, jonglant avec des renoncules et les polypodes. Il la voit, elle, avec un autre, un inaccessible, celui qui se promet d’être, mais qui ne sera jamais. C’est peut-être à ce moment-là, qu’elle parle, mais personne n’en sait rien, et surtout pas elle.
Et lorsque le matin vient, tout arrive, le hurlement du réveil, l’envie de se recoucher et le café qui ne se prépare pas tout seul. Elle saute de son lit et s’effondre dans la réalité.
Commentaires :
Re:
T'as vu, hein....
C'est mon côté plus institutionnel....
En fait, le bleu, ça me rappelle lorsque j'ai fait le vendée Globe en 199?... heu par là quoi....